Il a fallu attendre plus de vingt ans après la première demande, en 1860, avant que le bâtiment de la gare et les voies ferrée ne soient réalisés à Richelieu, en profitant de l’ouverture de la ligne Chinon-L’Ile-Bouchard pour ajouter un embranchement d’une quinzaine de kilomètres entre la Cité du Cardinal et Ligré-Rivière.

Le dimanche 7 septembre 1884, l’inauguration de la ligne se fit en grande pompe : pour embellir les lieux, 70 platanes avaient été plantés auparavant le long de l’avenue de la Gare. Le soir, un dîner de gala fut offert à 127 convives...

Visiblement, il y avait une attente. Dès le début, le succès de cette ligne, ouverte aux voyageurs (trois allers-retours chaque jour) comme aux trains de marchandises, chargés de bois, de vin, de paille ou de blé, fut au rendez-vous. Les jours de foire, le trafic voyageurs montait jusqu’à sept ou huit trains !

Nouvelle vie

La Première Guerre mondiale signa un premier coup d’arrêt à cette réussite. Après le conflit, les choses empirèrent ; en 1937, le trafic voyageur était condamné... Il subsista pourtant pendant la Seconde Guerre mondiale, et fut réactivé après le conflit. L’automotrice La Richelaise, conçue en 1947 par les établissements Billard, à Tours, remplaça la bonne vieille locomotive à vapeur (dont on reparlera...). Ce train rudimentaire aux airs de sous-marin, avec son poste de conduite-kiosque à l’avant, transportait alors 57 personnes à la vitesse de 65 km/h sur la vingtaine de kilomètres qui séparent Richelieu de Chinon. De nos jours, cet autorail récemment restauré, classé aux Monuments historiques, est exposé à la halle aux marchandises de Richelieu.

Le souvenir de Jacques Dutronc

Le service voyageur s’arrêta finalement en 1960. Le trafic marchandises se poursuivit jusqu’au milieu des années 80. Toutefois, la vie ferroviaire subsista à Richelieu. À partir de 1974, le train touristique fit des heureux : on dénombrait 25 000 voyageurs/an, jusqu’à la fin de l’aventure, en 2004. Dans le même temps, l’engin qui tractait ces wagons pour le plus grand plaisir des curieux, la fameuse locomotive à vapeur 141C100, classée elle aussi, construite par les ateliers Schneider au Creusot en 1922, attira les réalisateurs. Comme la gare. Souvent, les deux furent filmées de concert, brièvement, pour une arrivée, un départ, dans un film d’époque. C’est sans doute le cadre le plus filmé de la région Centre. On dénombre 76 productions les ayant utilisées, les plus célèbres étant Tess, de Roman Polanski, et Van Gogh, de Maurice Pialat, qui profita de Richelieu pour y imprimer d’autres plans sur la pellicule, ou des scènes entières, celle d’un bal reconstitué dans un ancien silo à grain près de notre gare, par exemple. Certains habitants se souviennent des livraisons de cigares destinées à Jacques Dutronc ! Quant à la loco, toujours propriété de l’association Train à Vapeur de Touraine, superbe engin auquel le film Une étoile pour la Mikado, de Michel Verrière, est consacré, c’est en Alsace qu’elle siffle désormais...

À vélo !

La ligne, de son côté, a été transformée en voie verte en 2018, destinée aux cyclistes, aux joggers et aux marcheurs. Les anciennes gares, restaurées par la Communauté de communes, et cinq stations thématiques, jalonnent un parcours de 20 km qui côtoie l’étang d’Assay (classé Espace Naturel Sensible), traverse des paysages de vignes, offre une halte dans les villages de Ligré et Champigny-sur-Veude, ainsi qu’aux abords du château du Rivau. La restauration de l’ancienne halle de bois à Richelieu, afin d’exposer la Richelaise, propriété du Département, a conclu le projet à l’automne 2022.

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Photo : V.Liorit