Culture

Les ruines fantômes de Semblançay

Pas tout à fait disparu, le vieux château, comme on l’appelle ici, laisse apparaître des vestiges d’un passé glorieux. À l’origine de la forteresse : un personnage historique sans qui la Touraine n’aurait pas le visage que nous lui connaissons aujourd’hui...

Le donjon de Loches, c’est lui. Le donjon de Langeais, derrière le château, c’est encore lui. Montbazon aussi, tout comme l’abbaye de Beaulieu-lès-Loches, bâtie à son retour de Terre Sainte pour expier ses crimes, et tant d’autres monuments dont il est à l’origine, en Touraine, chez les voisins de Maine-et-Loire ou chez ceux du Loir-et-Cher. « Lui », c’est Foulques Nerra, comte d’Anjou, qui fit édifier ici et là, sur ses terres, de nombreuses fortifications dans le cadre de ses luttes contre le comte de Blois.

Vers l’an mil, l’insatiable grand seigneur, désireux de contrôler le nord de Tours, s’empara de la place de Semblançay, déjà occupée par un seigneur local – on sait qu’en 888, celui-ci avait aidé Ingelger, ancêtre des comtes d’Anjou, dans ses luttes contre l’évêque d’Auxerre –, stratégiquement située sur un massif rocheux entouré d’un étang (asséché au XVIIIe siècle) alimenté par la petite Choisille, donc d’un accès difficile. Il s’agissait à l’époque d’un donjon en bois, qu’un fidèle de Foulques, Hugues d’Alluyes, seigneur de Saint-Christophe, fut chargé d’entretenir. Le donjon de pierre, carré, de 13 mètres de côté, dont nous pouvons admirer les vestiges – le deuxième étage n’existe plus –, n’a été élevé qu’à la fin du XIIe siècle... Une courtine l’entourait, avec des tours dont il subsiste quelques ruines.

Métamorphose

Cet aspect défensif allait-il disparaître ? Non, pas au XIVe siècle en tout cas, période troublée s’il en est, qui vit l’ajout d’une double enceinte. La liaison entre le château et le village était sans doute rendue possible par un pont en bois fortifié.

C’est au début du XVIe siècle qu’intervint l’une des personnalités les plus influentes de Touraine, Jacques de Beaune, maire de Tours en 1498, intendant des finances de François Ier entre 1516 et 1526, baron de Semblançay et propriétaire de notre forteresse qui, nous apprend le site montjoye.net, avait appartenu précédemment à Geoffroy Plantagenêt, puis au futur roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion, à la famille de Thou...

Sous la conduite de Jacques de Beaune, elle va se métamorphoser : réparation de l’enceinte, construction de nouveaux bâtiments, dont un logis seigneurial (il n’en reste que des pans de murs) et une chapelle, ajout de quatre tours rondes sur la première enceinte, pentagonale (et aujourd’hui disparue), cinq sur la deuxième (on voir encore celles du nord et du sud)... La forteresse de Semblançay aura atteint son apogée avec Jacques de Beaune. Après lui, le château sera peu à peu délaissé, ses pierres servant notamment à construire une ferme. Ce qu’il en reste a été inscrit en 1947 à l’inventaire des monuments historiques.

Le passionné d’histoire et de patrimoine en balade à Semblançay, le long de la rue du Vieux Château qui offre quelques jolis points de vue, remarquera des vestiges de murs aux abords du château. Sans doute remontent-ils au XVIe siècle. Parmi eux, le curieux « menhir », qui n’en est pas un : c’est en réalité un morceau de fortification qui a été dénommé ainsi on ne sait quand, par on ne sait qui. Mais c’est sous ce nom qu’il est identifié sur des cartes postales anciennes !

 

Photos : S. Drouet

par

Retour