Prince des poètes et poète des princes

Né en 1524 dans le Vendômois, le jeune Pierre intègre très tôt la cour de François Ier. Tout au long de sa vie, il côtoie les grands rois de la Renaissance, dont il est le confident. En tant que poète officiel, Ronsard écrit sur tous les événements du Royaume, qu’ils soient heureux ou malheureux. Critique sur l’évolution de la société, le poète compose aussi pour lui et s’engage. Dans ses « Discours des misères de ce temps » qui traitent des guerres de religion, Ronsard offre un récit épique plus populaire, qui tient presque du journalisme, et prend position dans le conflit.

Reconnu de son vivant par ses pairs, Ronsard est désigné « Prince des poètes » et met en œuvre le projet de la Pléiade. À côté de ses célèbres écrits amoureux, sujet plutôt « banal » au XVIe siècle, Ronsard s’intéresse à d’autres genres, toujours inspirés des chefs-d'œuvre antiques et italiens, et abordent de nombreux thèmes où prennent place ses réflexions sur la condition humaine et la société, mais également, ses questionnements philosophiques qui convoquent les astres, les matières, les plantes… Celui qui aspire à devenir le « Homère Français » écrira même une épopée sur l’histoire de France : « La Franciade » qui le conduira en terre tourangelle.

En 1565, Charles IX nomme Ronsard prieur commendataire d’un petit prieuré fondé au XIe siècle sur une île de Loire par le chapitre de Saint-Martin de Tours. Pour cette tâche qui doit encourager l’écriture de « La Franciade », l’homme de lettre perçoit un revenu. Loin des turpitudes de la cour, Ronsard passe au prieuré Saint-Cosme les vingt dernières années de sa vie et travaille sur la réédition de ses œuvres complètes. En 1585, quelques jours avant sa mort, il rédige ici ses « Derniers Vers », des poèmes vibrants d'émotion. Le « Prince des Poètes » est inhumé selon son souhait dans le chœur de l’église du prieuré avant de connaître des funérailles nationales à Paris.

Donner à voir un autre visage du poète

Propriété du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, le prieuré Saint-Cosme situé à La Riche est l’une des maisons d’écrivain les plus visitées en France. Ici, on s’attache à montrer un autre visage de l’homme de lettres, détaché de l’image d’un poète courtisan et frivole. Dans ce temple de la contemplation, où l’on entend et où l’on écoute de la poésie, on rencontre un Ronsard plus intimiste, témoin inquiet des affres de son temps.

De 6 à 17 ans

Tout au long de la visite, des outils de médiation interactifs invitent le public à découvrir la vie quotidienne du poète dans son logis et toute la variété de son œuvre. Travailleur infatigable, moderne et touche-à-tout, Ronsard est également un passionné de botanique, sensible à son environnement et à la protection de la nature. Celui qui s’émeut dans ses écrits de la destruction de sa forêt de Gastine natale compose également de nombreux poèmes sur les animaux, auxquels le jeune public peut s’initier sur fond de devinettes. Dans les jardins, véritable « paradis sur terre » pour les chanoines du XIIe siècle, pas moins de douze espaces plantés, du potager à la pergola de roses en passant par le sentier sensoriel, illustrent l’amour de Ronsard pour la nature.

À l’aube du cinquième centenaire de sa naissance, celui qui fit vœu de poésie n’en finit pas d’étonner et de charmer. Nul doute que la journée mondiale de la Poésie sera l’occasion pour tous, petits et grands, passionnés de poésie et visiteurs « novices » de se rendre au prieuré Saint-Cosme pour redécouvrir les vers méconnus de Ronsard, poète pluriel, érudit et engagé, qui consacra sa vie à l’Amour des mots.

Prieuré Saint-Cosme - Demeure de Ronsard