Culture

Les pavillons d’octroi de la place Choiseul

Ce sont quatre sentinelles qui, autrefois, gardaient la barrière de la Tranchée, conçues par l’ingénieur Mathieu de Bayeux, à qui l’on doit également le pont de Tours, aujourd’hui pont Wilson, construit dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Ces quatre pavillons d’octroi furent édifiés en 1779, quand fut aménagée la grande voie nord-sud qui reliait Paris à l’Espagne. Ils sont, comme l’aménagement de la place de d’Aine (place Choiseul), le percement de la Tranchée, ou celui de la rue Royale (rue Nationale) les témoins d’une période importante dans le développement de la ville, qui s‘inscrivait dans la volonté plus générale des pouvoirs publics de désenclaver et d’embellir les cités, comme d’y améliorer la circulation. Une période riche en innovations architecturales.

Douane intérieure

Mais ces gardes n’avaient toutefois aucune vocation militaire. Les octrois avaient pour fonction la perception de taxes sur les marchandises qui entraient dans la ville : vin, bois, volaille, bétail divers… Un système qui fut uniformisé en 1681 et qui, au fil des années, cristallisa les mécontentements, jusqu’à devenir la cible des révolutionnaires de 1789. Supprimé par l’Assemblée constituante, l’octroi fut rétabli par le Directoire en 1798. Par endroits principale source de revenus des communes, mais considéré comme une « douane intérieure », il fut contesté, parfois violemment, tout au long du XIXe siècle, mais ne fut pourtant définitivement abandonné qu’à partir du début du XXe siècle, à Tours en 1930, puis, partout, en 1948, en application d’une loi de 1943.

Patrimoine et art contemporain

Restent les témoins de ces taxes honnies, devenus un élément du patrimoine tourangeau, classé monument historique en 1951. De style Louis XVI, construits en tuffeau, à la toiture bombée également en pierre, ils se distinguaient des octrois souvent faits, jusqu’alors, de bois, et étaient reliés deux par deux par un mur, dont un seul subsiste aujourd’hui, qui fait partie de l’enceinte du lycée Saint Grégoire. Ils furent restaurés entre 2011 et 2009 et les deux pavillons centraux abritent, depuis 2009, les locaux de l’association Eternal Network, qui conduit des projets d’art contemporain, et qui a fait de l’un d’eux une salle d’exposition. Ils « dialoguent » d’ailleurs, depuis avec les « attrappe-soleil » contemporains de Daniel Buren, édifiés au moment de la réalisation du tramway, en 2014. Nombre de dessins anciens et de photos existent des pavillons et de la place Choiseul, mais ils eurent l’honneur de figurer sur une aquarelle du peintre William Turner représentant la Tranchée et une vue panoramique de Tours, réalisée lors de son voyage dans la Val de Loire en 1826.

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