Culture

« Magie d’ailleurs », à L’hôtel Gouïn jusqu’au 7 janvier

Venus d’Afrique ou d’Océanie, plus de 120 pièces constituent l’exposition « Magie d’ailleurs », qui sera présentée à l’Hôtel Gouïn du 18 octobre 2023 au 7 janvier 2024. Ces œuvres, des masques, des statuettes, des tenues de chaman, témoignent de ce que ces différentes cultures ont élaboré de cultes, de récits et de rituels, pour ordonner le monde, l’espace, le temps, et organiser la vie du groupe.

Masques, sang, dieux...

Tout un langage mystérieux, difficile à déchiffrer pour un occidental, anthropologues exceptés. Commissaire de l’exposition, Philippe Charlier est directeur du Laboratoire anthropologie, archéologie, biologie (Laab) de l’Université de Versailles, et directeur du département de la recherche et de l’enseignement du musée du Quai Branly. Il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés aux cultes et rituels magiques dans les sociétés traditionnelles, et a organisé plusieurs expositions sur ce thème. Anaïs Augias, qui co-organise cette exposition, est docteure en éthique médicale à l’Université Paris Descartes et spécialiste en anthropologie biologique. Les deux chercheurs ont classé les réalisations en quatre thématiques : « Les masques : une porte vers l’invisible », « Vaudou Bénin : l’âme des religions sub-sahariennes », « Afrique : le sang, nourriture des Dieux » et « L’essence des sociétés secrètes ».

Pensée complexe

L’exposition entend montrer la diversité de ces cultes et leurs similitudes éventuelles, retracer leur histoire, expliquer la fonction des supports dans la relation des hommes, des morts et des dieux, ou encore décrire leur transmission. Une pensée magique, inscrite dans la quotidienneté des individus, au principe de pratiques de soins comme de sorcellerie, de mariage, de passage à l’âge adulte, ou de communication avec le sacré, gage de l’intégration de l’individu dans le groupe, de la formulation de réponses aux interrogations, de la conjuration des peurs, de la transmission des mythes fondateurs, et, in fine, de la structuration et de la hiérarchisation du groupe. Bref, de sa permanence. C’est là tout l’intérêt d’une telle exposition : montrer comment les différents groupes sociaux ont répondu à la nécessité complexe de construire une société et une culture, chacun avec son environnement et ses représentations. Une complexité souvent insoupçonnée de nos sociétés, révélée par le regard anthropologique, scientifique, qui exclut par conséquent a priori toute hiérarchisation de ces cultures, au profit de leur connaissance et de leur compréhension, en « élargissant la connaissance de l’homme pour y inclure les sociétés les plus lointaines, de manière à ce que rien d’humain ne nous reste étranger », comme le résumait Claude-Levy Strauss. Une manière, aussi, de nous interroger. Nos sociétés, dites avancées, sont-elles toujours si rationnelles ?

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