Qu’est-ce qui vous a amenée en Touraine ?
Je suis arrivée en France (et en Touraine) il y a sept ans, par amour, pour rejoindre l’homme que j’avais rencontré en Moldavie en 2013. Depuis, j’ai repris mes études ici car mes diplômes moldaves n’étaient pas reconnus. J’ai donc appris le français et j’ai décroché un BTS puis un Bachelor dans le secteur commercial, pour être responsable marketing commercial. Ce n’était pas simple, mais quand on vient dans un pays dans l’idée de s’y installer durablement, on se donne un maximum !
Sauf qu’aujourd’hui vous ne travaillez pas dans le secteur commercial. Vous êtes présidente de l’association Touraine Ukraine. Comment est né ce projet ?
La guerre en Ukraine est arrivée, avec mon conjoint Christian nous avons participé au rassemblement du 25 février en centre-ville de Tours. Nous y avons retrouvé des amis ukrainiens, dont ma copine Oxana Poukhlii, qui était très inquiète, qui recevait des photos de ses proches en Ukraine, des témoignages en direct… On est restés en contact avec d’autres gens motivés. On faisait déjà des colis de médicaments ou de nourriture qu’on envoyait via des compagnies privées, puis on a décidé de créer une association pour mieux organiser les choses, et aussi anticiper l’arrivée en France d’Ukrainiens qui fuient la guerre. Le 8 mars la création de l’association passait au Journal Officiel. Du jour au lendemain, Christian et moi nous sommes consacrés à 100% à l’association.
Qui fait partie de Touraine-Ukraine aujourd’hui ?
Nous sommes une trentaine de bénévoles, français, ukrainiens, et d’autres nationalités. Oxana est bien sûr très active dans l’association, mon mari Christian et moi aussi, et il y a une vraie équipe dynamique pour s’occuper de réceptionner les dons de vêtements, de denrées alimentaires, de produits d’hygiène… Et nous finançons aussi des convois qui partent vers l’Ukraine avec des produits de première nécessité : les chauffeurs sont bénévoles, mais il faut payer le carburant. Nous en avons organisé quatre, et nous avons participé à trois autres convois avec d’autres partenaires.
Et les réfugiés ukrainiens viennent vers vous, en Touraine ?
On essaie de ne pas trop utiliser le terme « réfugié », il est douloureux pour eux, pour nous, car ces personnes n’ont pas choisi de quitter leur pays. Elles ont été obligées de partir, sous la contrainte, pour échapper à la guerre, aux bombardements. Sur les quelques 800 personnes accueillies en Touraine, 638 sont venues vers nous pour de l’aide matérielle surtout, mais aussi pour des accompagnements administratifs. Beaucoup de bénévoles s’impliquent aussi pour ces coups de main au quotidien (souscrire un abonnement EDF, relire un bail de location, etc.). Les enfants parlent déjà très bien français, ils dessinent, jouent… Les adultes sont souvent des femmes seules, car les hommes n’avaient pas le droit de quitter le pays.
L’élan de solidarité des Tourangeaux s’est-il essoufflé avec le temps ?
On a été surpris au départ de voir une telle mobilisation, ces gens qui ont ouvert leur porte pour héberger des inconnus et les accompagner dans leur installation, c’était incroyable ! Aujourd’hui, c’est nous qui devons aller vers les gens, avec des collectes dans les centres commerciaux par exemple. Mais c’est normal que le mouvement s’essouffle un peu, avec le temps qui passe, l’actualité électorale qui s’est imposée ces derniers mois… un sujet en chasse un autre, mais là-bas, la situation s’aggrave, il ne faut pas l’oublier. On continue donc à organiser des événements pour sensibiliser et récolter des fonds, comme une vente aux enchères d’œuvres d’art à Tours le 24 juin, ou un concert à Blois le même jour. L’Ukraine est toujours là, et j’ai toujours du mal à croire à ce qui se passe là-bas, donc avec les bénévoles, nous continuons à faire tout ce qu’on peut pour aider.
Pour aider vous aussi l’association Touraine Ukraine, rendez-vous sur la page Facebook https://www.facebook.com/touraine.ukraine
Publié le 02/07/2022 par le Conseil Départemental d'Indre-et-Loire